L’IA générative ouvre les portes d’une nouvelle ère, elle nous invite à reconsidérer la fonction même d’outil, tout comme celle de l’intelligence. Alors que cette révolution s’installe, il devient crucial de replacer l’IA dans un contexte plus vaste, pour saisir pleinement les changements qu’elle implique.
Le deep learning, branche du machine learning inspirée du fonctionnement du cerveau humain, est au cœur de l’IA générative. Grâce à ses réseaux neuronaux et à un corpus de données gigantesque, cette IA est désormais capable de produire, voire reproduire, des contenus textuels, visuels et audios, imitant les créations humaines avec une étonnante précision.
Toute technologie suffisamment avancée est indiscernable de la mageArthur C. Clarke
À l’instar des grandes révolutions technologiques qui ont marquées profondément nos vies, comme l’invention de l’imprimerie ou l’avènement d’Internet, l’IA générative est sur le point d’influencer profondément nos perceptions et nos comportements.
Table des matières
ToggleL’outil, l’intelligence et les grandes inventions
Depuis les débuts de l’humanité, les outils ont permis de dépasser nos limites physiques et de transformer notre environnement. Des premiers outils en pierre aux machines modernes, ils nous ont sans cesse aidés à accomplir nos tâches avec plus d’efficacité et moins d’effort.
Quant à l’intelligence, elle regroupe l’ensemble de processus qui permettent aux systèmes, vivants ou artificiels, d’apprendre, de comprendre et de s’adapter. Cette notion inclut non seulement la cognition humaine, mais aussi les capacités adaptatives des animaux et, désormais, de nos machines.
Les grandes révolutions technologiques : du feu à l’IA
Pour mieux comprendre l’importance de l’IA générative, prenons un moment pour explorer quelques-unes des inventions clés qui ont marqué l’histoire de l’humanité.
Chaque époque a permis l’émergence d’inventions qui ont fondamentalement transformé notre rapport au monde, jalonnant l’histoire de révolutions successives – autant de repères qui éclairent l’essor actuel de l’IA générative :PRÉHISTOIRE
- Le premier outil (période inconnue, probablement il y a 2,6 millions d’années) : Les premiers outils connus, des galets en pierre taillés tel un couteau, étaient essentiels pour la chasse, la cueillette et la survie.
- La maîtrise du feu (il y a environ 1,2 million d’années) : La maîtrise du feu probablement inventée grâce au frottement de deux morceaux de bois, a marqué une avancée significative dans les capacités humaines, en apportant chaleur, lumière et protection.
- L’agriculture primitive (vers 8000 à 10000 avant notre ère) : L’émergence de l’agriculture a marqué le début de la sédentarisation. En cultivant des plantes et en domestiquant des animaux, les communautés humaines ont pu se stabiliser et développer des sociétés plus complexes.
ANTIQUITÉ
- La roue (entre 4000 et 3500 avant notre ère) : Inventée en Mésopotamie (Irak actuelle) par le sumériens, la roue a révolutionné les transports, l’agriculture et la fabrication.
- L’écriture (période néolithique tardive vers 3300 av. J.-C.) : Les cunéiformes en Mésopotamie et les hiéroglyphes en Égypte ont marqué l’émergence de l’écriture. Cette invention fondamentale a permis de transmettre des connaissances, de développer des lois et des administrations complexes, et de créer les premiers récits historiques.
- Les aqueducs (4ème siècle avant notre ère) : Les Romains ont perfectionné la construction d’aqueducs pour transporter l’eau sur de longues distances. Cette innovation a amélioré l’hygiène, la santé publique et l’approvisionnement en eau dans les villes.
- La monnaie (vers 600 avant notre ère) : La première utilisation de la monnaie est généralement attribuée aux Lydiens, qui ont frappé des pièces en électrum (alliage d’or et d’argent). Cette invention a été suivie notamment par les Grecs et les Romains, qui ont développé leurs propres systèmes monétaires.
MOYEN-ÂGE
- La boussole (206 avant notre ère) : Inventée en Chine sous la dynastie Han et perfectionnée par Felipe Guillén, la boussole a permis une navigation et une exploration plus précises.
- L’algèbre (9e siècle de notre ère) : Les bases des mathématiques modernes ont été modélisées par par Al-Khawarizmi dans son ouvrage “Kitab al-Jabr”. Aujourd’hui, ses travaux sont cruciaux pour des domaines comme les sciences et l’informatique, permettant de résoudre des problèmes complexes.
- La poudre à canon (9e siècle de notre ère) : Découverte en Chine, la poudre à canon a transformé la guerre, notamment en précipitant l’obsolescence des châteaux et des armures, contribuant ainsi à la fin du Moyen-Âge et à l’émergence de l’ère moderne.
RENAISSANCE
- L’imprimerie (vers 1450) : Inventée par Johannes Gutenberg, la presse à imprimer a révolutionné la communication et la diffusion des connaissances.
- Le microscope (1590) : Mis au point par Zacharias Janssen, le microscope a ouvert la voie à l’exploration du monde microscopique, marquant le début de découvertes scientifiques majeures.
- Le télescope (1608) : Inventé par Hans Lippershey et amélioré par Galilée, il a permis d’observer les astres de manière plus détaillée, révolutionnant la compréhension de l’univers.
EPOQUE MODERNE
- La Pascaline (1642) : La calculatrice mécanique de Blaise Pascal est un précurseur des ordinateurs modernes.
- La machine à vapeur (1769) : Les améliorations apportées par James Watt à la machine à vapeur ont alimenté la révolution industrielle.
- L’automobile (1789) : Initialement brevetée par l’américain Oliver Evans, l’automobile moderne a pris son essor à la fin du 19e siècle, grâce à Karl Benz, qui a conçu en 1886 la première voiture propulsée par un moteur à combustion interne.
EPOQUE CONTEMPORAINE
- Le moteur à explosion (1806) : Pour faire fonctionner leur « Pyréolophore », les frères Niépce utilisent d’abord une poudre explosive, puis un mélange de charbon et de résine. Leurs recherches portent leurs fruits puisque le moteur à explosion a permis ensuite le développement des automobiles et des avions.
- Le télégraphe (1837) : Inventé par Samuel Morse, le télégraphe a révolutionné la communication à longue distance, grâce à des signaux électriques codés, marquant ainsi le début de l’ère des communications instantanées.
- Le téléphone (1876) : L’invention d’Alexander Graham Bell a transformé la communication en permettant des conversations vocales à distance en temps réel. Cette innovation a révolutionné la manière dont nous communiquons et a eu un impact profond sur les affaires, la politique et les relations sociales.
- L’ampoule électrique (1879) : Inventée par Thomas Edison, l’ampoule électrique a fourni de la lumière artificielle, transformant radicalement notre manière de vivre et de travailler en augmentant considérablement la productivité humaine.
- Le courant alternatif (1887) : qui est une méthode de transmission de l’électricité dans laquelle le flux de courant change de direction périodiquement. Cette innovation a révolutionné la distribution d’énergie, permettant le transport efficace de l’électricité sur de longues distances et alimentant ainsi les réseaux électriques modernes.
- La radio (1895) : Inventée par Guglielmo Marconi, la radio a profondément transformé la communication et la diffusion de l’information.
- L’aviation (1903) : Le premier appareil motorisé et contrôlé d’un aéronef a été inventé par les frère Wright. Cette invention a ouvert la voie à l’essor de l’aviation commerciale et militaire, bouleversant la mobilité et la communication mondiale. Dès les années 1920-1930, l’aviation s’est rapidement généralisée, entraînant des avancées dans la technologie des transports et les échanges internationaux.
- La machine de Turing (1930) : Le dispositif théorique d’Alan Turing a jeté les bases de l’informatique moderne et de l’intelligence artificielle, notamment en introduisant le concept d’algorithme et en posant des questions fondamentales sur la nature de l’intelligence et de la pensée.
- L’ordinateur (1945) : L’ordinateur moderne a émergé avec l’invention de l’ENIAC (premier ordinateur Turing-complet) en 1945, le premier ordinateur électronique polyvalent, conçu pour des calculs militaires. Cependant, c’est l’architecture proposée par John von Neumann en 1945, avec la séparation entre unité de calcul et mémoire, qui a établi les bases des ordinateurs actuels. L’ordinateur personnel a vu le jour dans les années 1970, avec des entreprises comme Apple et IBM, rendant cette technologie accessible au grand public et bouleversant de nombreux secteurs.
- Le transistor (1947) : L’invention de John Bardeen, Walter Brattain et William Shockley a jeté les bases de l’électronique moderne, en remplaçant les tubes à vide, permettant ainsi la miniaturisation des appareils électroniques et ouvrant la voie à l’ère numérique, des ordinateurs aux smartphones.
- L’internet (années 1960) : Popularisé dans les années 1990, l’internet est un réseau mondial d’ordinateurs interconnectés qui a révolutionné notre rapport à l’information et à la communication. L’internet, nommé à l’origine ARPANET était un projet militaire visant à interconnecter des ordinateurs. C’est n 1989, que Tim Berners-Lee inventait le World Wide Web, rendant l’information accessible via des liens hypertextes. Aujourd’hui l’internet a profondément transformé la manière dont nous interagissons avec le monde.
- L’intelligence artificielle (1956) : Le concept d’intelligence artificielle (IA), introduit par John McCarthy en 1956 lors de la conférence de Dartmouth, s’inscrit en continuité des travaux d’Alan Turing, qui, dès 1950, posait les fondations théoriques de l’IA avec son célèbre test de Turing. John McCarthy décrivait l’IA comme la création de machines capables d’imiter l’intelligence humaine. Cette vision a ouvert la voie à des technologies comme les systèmes experts, le machine learning et le deep learning, chacun contribuant à repousser les limites de l’IA.
Depuis l’émergence du concept d’intelligence artificielle, plusieurs innovations ont joué un rôle significatif dans l’émergence de l’IA générative :
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- Systèmes experts (1970, Edward Feigenbaum) : Ces systèmes imitent la prise de décision d’experts humains en utilisant des règles et des bases de connaissances spécifiques pour résoudre des problèmes dans des domaines comme la médecine et la finance.
- Machine Learning (1959, Arthur Samuel) : Le machine learning permet aux machines d’apprendre à partir de données sans programmation explicite, analysant des modèles pour générer des prédictions ou des recommandations, et constitue un fondement clé des technologies d’intelligence artificielle modernes.
- Deep Learning (1980s, Geoffrey Hinton) : Cette sous-branche du machine learning utilise des réseaux de neurones multicouches pour traiter des données complexes, permettant des applications comme la reconnaissance faciale et la traduction automatique
- Modèle GAN (2014, Ian Goodfellow) : Les réseaux antagonistes génératifs (GAN) font concourir deux réseaux de neurones pour créer des données réalistes, conduisant à des avancées telles que les deepfakes et la génération d’images synthétiques.
- Transformer (2017, Vaswani et al.) : Les transformateurs sont un type d’architecture de réseau neuronal qui transforme ou modifie une séquence d’entrée en séquence de sortie. Ils facilitent des progrès significatifs dans le traitement du langage naturel, notamment avec des modèles comme GPT (Generative Pretrained Transformer).
- L’entraînement de modèle d’IA : correspond au processus d’apprentissage automatique durant lequel le système d’intelligence artificielle construit un modèle à partir de données, L’entraînement d’un modèle d’IA se divise en deux types principaux : – Entraînement surveillé : Utilise des données étiquetées pour apprendre des relations entre les entrées et les sorties. Cela permet au modèle de faire des prédictions basées sur des exemples connus. – Entraînement non surveillé : Se concentre sur des données non étiquetées pour identifier des motifs ou des structures, favorisant ainsi la découverte de nouvelles informations sans supervision directe.
Parmi toutes les inventions qui ont façonné notre monde, c’est l’invention de la presse qui offre le parallèle le plus marquant avec les impacts potentiels de l’intelligence artificielle. En bouleversant les modes de diffusion des idées, la presse a déclenché des changements profonds dans l’accès au savoir et la communication. De la même manière, elle a redéfini les contours de l’information et de son partage, ouvrant la voie aux nouvelles ères de l’information qui ont suivi.
La presse, un modèle pour les révolutions futures
L’avènement de l’IA, comme l’invention de la presse à imprimer et l’arrivée d’Internet, ont transformé profondément notre rapport à l’information et au savoir.
La presse à imprimer a considérablement contribué à augmenter l’alphabétisation en Europe, et boulversé les jeux de pouvoir. En effet la presse a facilité la diffusion d’idées nouvelles, autant sur le plan politique que religieux. Certains historiens vont même jusqu’à citer l’invention de la presse comme une des causes principales de la Réforme protestante et de la Révolution scientifique.
Jusqu’à Gutenberg, l’architecture est l’écriture principale, l’écriture universelle.Victor Hugo
Les ères de l’information désignent les périodes historiques marquées par des évolutions dans la production et l’accès à l’information, et comprennent les différentes phases suivantes :
- L’ère orale (Préhistoire – Antiquité) : Les informations étaient transmises uniquement par la parole, avec la mémoire humaine comme principal vecteur de préservation des savoirs.
- L’ère écrite (Antiquité – XVe siècle) : L’écriture permet d’inscrire les informations sur des supports physiques comme les tablettes ou parchemins. Bien que les connaissances soient mieux conservées, leur diffusion restait lente, car tout était copié à la main.
- L’ère imprimée (dès le XVe siècle) : Avec l’invention de l’imprimerie par Gutenberg, les livres sont produits en masse, facilitant la diffusion rapide du savoir en Europe, notamment lors de la Renaissance.
- L’ère industrielle (XIXe siècle) : L’avènement des chemins de fer, télégraphes, journaux et téléphones a marqué une accélération dans la circulation des informations à une échelle mondiale.
- L’ère numérique (fin du XXe siècle à aujourd’hui) : L’internet et les technologies numériques ont transformé l’accès à l’information, la rendant instantanée et globale.
Si l’invention de la presse a ouvert la voie à une diffusion massive de l’information, l’avènement d’Internet a réinventé les règles du jeu, connectant les individus d’une manière inédite.
L’Internet: les étapes d’une révolution numérique”
À ses débuts, le numérique communément appelé à ses débuts NTIC pour Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication,” a bouleversé nos manières de nous informer et de communiquer, avant de transformer nos modes de divertissement. Le numérique (ou digital ou l’Internet) a redéfini les contours d’une nouvelle sociabilité et façonné un nouvel imaginaire collectif, donnant naissance à une véritable culture de masse.
En connectant les individus à travers le monde en temps réel, l’internet a non seulement redessiné nos interactions, mais a aussi profondément métamorphosé nos modes de vie.
Voyons maintenant les différentes phases du développement d’Internet et leur influence sur notre paysage numérique.
Le Web 1.0 : L’aube de l’ère de l’internet
Les origines de l’internet remontent au projet ARPANET, initialement développé à des fins militaires aux États-Unis dans les années 60. Toutefois, c’est l’avènement du World Wide Web au début des années 1990 qui a véritablement démocratisé l’accès à cette technologie révolutionnaire. Le Web 1.0, caractérisé par des sites web statiques et une interactivité limitée, a néanmoins représenté un changement de paradigme dans l’esprit d’entreprise et l’accès à l’information. Pour la première fois, des individus pouvaient créer des sites web et atteindre un public mondial sans investissements massifs. Cette époque a également vu les débuts d’un accès généralisé au contenu culturel, bien que souvent par le biais de canaux informels, ce qui a soulevé les premières questions sur les droits numériques et le piratage.
Le web 2.0 : L’avènement du web participatif
La transition vers le Web 2.0 au milieu des années 2000 a marqué une évolution significative en transformant l’Internet, en passant d’un internet statique en lecture seule en un internet dynamique et participatif. Cette ère a donné naissance aux médias sociaux, des outils de collaboration qui ont permis aux utilisateurs de devenir à la fois des consommateurs et des producteurs de contenu.
Les Médias sociaux regroupe les outils suivants :
- Les réseaux sociaux (par exemple, Facebook, LinkedIn, Twitter, Thread, Bluesky…)
- Les plateformes de partage de contenu (Instagram, TikTok, YouTube, Dailymotion, Vimeo, Pinterest, Vine…)
- Les blogs et forums de discussion (par exemple, WordPress, Skyblog, MySpace, Medium, Tumblr…)
- Les plateformes collaboratives (Wikipedia, GitHub, Waze, Google Maps, Yelp, Metacritics, Rotten Tomatoes…)
- Les applications de messagerie (par exemple, WhatsApp, Messenger, Telegramn, Olvid, Viber, MSN, ICQ…)
Le Web 2.0 a démocratisé l’expression publique, mais a aussi des effets négatifs. Les médias sociaux favorisent la comparaison sociale, générant anxiété et problèmes de santé mentale. De plus, la curation algorithmique des plateformes promeut des contenus polarisants, renforçant les divisions et limitant la diversité des opinions, créant des chambres d’écho où les individus sont exposés à des idées similaires ou opposées aux leurs.
Par ailleurs, cette dynamique a accéléré la concentration du pouvoir entre les géants de la tech, qui contrôlent l’accès à l’information et influencent la manière dont les contenus sont diffusés. Ces entreprises, en exploitant ces tendances, ont également facilité la manipulation de l’opinion publique, comme en témoigne le scandale Cambridge Analytica, révélant ainsi la vulnérabilité des processus démocratiques face à ces nouvelles réalités numériques.
Le phénomène “Web 3” : Rêves de décentralisation & réalité spéculative
Le Web3 visait un internet décentralisé et immersif, reposant sur des technologies comme les crypto-monnaies, les NFT et les métavers, offrant de nouvelles formes d’interaction et de propriété. Toutefois, malgré un fort engouement initial, il a été perçu par certains comme une bulle spéculative, avec des promesses encore non tenues.
Comme pour la plupart des bulles spéculatives, l’engouement autour du « Web 3 » a été alimenté par un écosystème de médias, de décideurs (comme Mark Zuckerberg ou Elon Musk), de porteurs de projets et d’early adopters un peu trop enthousiastes. En rebaptisant Facebook en Meta, Zuckerberg s’engouffrait dans le metaverse, probablement dans l’optique de donner un second souffle à l’image du groupe, ternie après le scandale de Cambridge Analytica. Le Web 3 est davantage une évolution qu’une révolution de l’internet. Et, comme lors de l’éclatement de la bulle des dot-com, l’explosion de cette tendance ne signifie pas la fin des innovations comme la blockchain et la finance décentralisée, mais marque plutôt le début de leur adaptation vers des applications concrètes.
Le véritable « Web 3.0 » ou « Web intelligent », un internet dopé à l’IA
Néanmoins, il est important de garder une certaine perspective. L’impact de technologies comme les crypto-monnaie, les NFT et le metaverse, même dans leurs mises en œuvre les plus réussies, n’égaleront probablement pas le pouvoir de transformation du Web 1.0 ou du Web 2.0. Ces premières révolutions de l’internet ont fondamentalement changé la façon dont nous accédons à l’information et interagissons en ligne. En comparaison, les effets durables du « Web 3 » sont susceptibles d’être plus ciblés et spécialisés.
Comme nous l’avons vu avec l’adoption rapide d’outils tels que ChatGPT et DALL-E, l’IA générative a le potentiel de révolutionner la façon dont nous créons du contenu, résolvons des problèmes et interagissons avec la technologie dans notre vie quotidienne. Cette évolution vers des outils et des interfaces alimentés par l’IA représente un changement plus profond et d’une plus grande portée que les promesses spéculatives du « Web 3 ».
Le numérique, comme les révolutions techniques qui l’ont précédé, transforment profondément nos sociétés. Chaque étape de l’histoire est marquée par des avancées techniques et médiatiques qui redéfinissent notre manière de vivre et de penser. L’oralité dominait les premières cités, tandis que l’écriture structurait l’État-nation en posant des règles partagées. L’imprimerie libéra la pensée critique en diffusant des idées à grande échelle. Le digital, surtout depuis l’avènement du web 2.0, place l’humain au centre grâce à son interactivité et son caractère participatif. Plus qu’un simple outil de communication, internet a bouleversé la sociabilité et les modes de vie, créant ainsi une nouvelle culture de masse.
L’ère de l’internet, en particulier avec l’essor du Web 2.0, promettait de démocratiser totalement l’information en permettant à quiconque de publier du contenu et d’atteindre un public mondial. Toutefois, cette promesse n’a été que partiellement tenue, car des inquiétudes sont apparues concernant la désinformation, la confidentialité des données et la concentration du pouvoir entre les géants de la technologie.
L’émergence et la démocratisation récente de l’IA générative ouvrent la voie à une nouvelle ère d’automatisation. Ce changement ne transforme pas seulement la manière dont nous interagissons avec le monde numérique, il marque aussi l’aube d’une époque où les machines commencent à nous assister sur le plan intellectuel, avec des répercussions profondes pour les industries et nos quotidiens en tant qu’être humains. L’adoption généralisée des technologies d’IA pourrait aggraver la fracture numérique, en creusant l’écart entre ceux ayant accès aux outils numériques et ceux qui en sont privés. Bien que l’IA facilite le traitement d’informations complexes, elle pourrait rendre les utilisateurs plus dépendants, réduisant leurs capacités de réflexion critique. À terme, cela pourrait créer deux classes distinctes : ceux qui utilisent l’IA tout en préservant leur autonomie intellectuelle, et ceux qui y deviennent excessivement dépendants. Cela pourrait paradoxalement renforcer les inégalités sociales, en créant de nouvelles formes de disparité cognitive.
L’IA comme le livre, la calculette, l’ordinateur ou même internet restera un outil, elle ne remplacera pas mais s’ajoutera. Un outil pour développer et explorer des idées, pour aller plus loin.
En savoir plus :- Qui a fabriqué les premiers outils | MNHN
- https://www-britannica-com.translate.goog/technology/military-technology/The-gunpowder-revolution-c-1300-1650
- https://www.inpi.fr/innovation-la-galerie/tresors
- Intelligence artificielle (IA) : de quoi parle-t-on ? | enseignementsup-recherche.gouv.fr
- Qu’est-ce que l’IA générative ? Quel est son fonctionnement ? | Oracle France
- Intelligence artificielle générative : de quoi parle-t-on ? (bpifrance.fr)
- https://www.journaldunet.fr/intelligence-artificielle/guide-de-l-intelligence-artificielle/1501837-inference-en-machine-learning-et-deep-learning/
- Nos subjectivités baignent dans un imaginaire de science-fiction – multitudes